Échappé d'une cage dorée : Laurent Bounameau, expert ICT

Laurent Bounameau (45), commissaire et expert ICT à la Police Fédérale, a 15 ans lorsqu'il entame des études à la Défense nationale. Après une carrière de plusieurs années dans l'administration publique, il la quitte pour le privé avant d'y revenir avec plaisir deux ans plus tard.

Pour Laurent, aller à l'université n'était pas une évidence, même si poursuivre des études a toujours été un rêve. Il se fait donc enrôler à la Défense. "Au début de ma carrière de sous-officier, je combinais travail et formation professionnelle." Une vie difficile, mais qui a porté ses fruits. Après la Défense, Laurent devient commissaire au sein de la Federal computer crime unit de la Police Fédérale. Quelques années plus tard, il devient l'adjoint direct du commissaire général et est désigné Information security & privacy officer. "J'étais alors responsable de la sécurité de l'information. Il ne faut d'ailleurs pas confondre sécurité informatique et sécurité de l'information", insiste-t-il. "Cette dernière va bien au-delà des ordinateurs. Elle a trait à une gestion totale des risques et à la protection de la population pour tout ce qui touche à la vie privée."

À ce poste, Laurent et son savoir-faire suscitent la convoitise de nombreuses institutions. Il reçoit une offre de la FSMA, l'organe public de contrôle du secteur bancaire en Belgique, ainsi que d'un organisme semi-public. "J'ai tout d'abord refusé. J'étais bien en place à la police, où j'occupais une fonction intéressante. Je menais une vie stable - je comptais alors 15 années de service - et j'avais un bon salaire. J'ai tout de même été invité à un entretien. J'ai décidé de comparer les options qui s'offraient à moi. Je ne perdais rien à écouter." Parmi tous les candidats, Laurent a obtenu les scores les plus élevés du test et s'est vu immédiatement offrir le job. C'est alors qu'il a décidé de quitter sa zone de confort. Après avoir demandé une interruption de carrière de deux ans, il a franchi le cap. "Certaines personnes prennent une interruption pour faire un tour du monde ; moi, j'ai décidé d'examiner mes possibilités de carrière. Après avoir travaillé 28 années dans le secteur public, je débarquais dans une instance semi-publique. En tant que CISO (Chief information security officer), j'étais responsable de la cybersécurité et de la gestion des risques, mais dans un cadre plus large que celui de l'administration publique. À cette époque, la cybersécurité était un concept relativement nouveau en Belgique ; il était surtout connu grâce aux films américains. Travailler dans un nouveau secteur en rapide évolution était très plaisant."

Après encore une petite année passée chez Proximus, les deux années d'interruption étaient écoulées et Laurent a dû faire un choix : rester dans le privé ou retourner à la police. "J'ai fait le point, pesé le pour et le contre. Et finalement opté pour mon ancien job. Bien sûr, travailler dans le secteur privé comporte des avantages, comme un salaire plus élevé. Mais, à partir d'un certain moment, cela joue également contre vous. Il fallait toujours atteindre des objectifs financiers, mais au détriment de la philosophie de base, celle pour laquelle je fais de la cybersécurité. Je travaille dans un secteur en plein boom, déterminant pour le futur et qui ne cessera de prendre de l'importance. Les autorités publiques doivent investir dans ce secteur, à la fois sur le plan financier, mais aussi dans les bonnes personnes et leurs compétences. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas nécessairement à la recherche des personnes les plus diplômées, mais bien de personnes motivées disposant de connaissances très spécialisées. C'est ici que l'avenir se construit."

Texte:William Visterin

Cet article a été publié dans Mark Magazine #30