Commissaire de police dans un musée.

Isabelle Diependaele est commissaire de police et travaille… dans un musée. Une fonction qu'elle exerce pour son plus grand plaisir. Kazerne Dossin n'est pas un musée et un centre de documentation comme les autres. Il a déjà reçu la visite de cinq mille policiers qui y ont suivi une formation. Il faut dire que le lieu revêt une signification symbolique.

Rien ne prédisposait Isabelle, licenciée en langues orientales, à rejoindre la Police Fédérale. Elle y a pourtant travaillé dans le domaine de la logistique et du contrôle aux frontières. Elle a ensuite été responsable RH à la zone de police Herent-Kortenberg, où elle a également pratiqué le travail de quartier. Isabelle porte toujours le grade de commissaire mais travaille pour une durée de trois ans à Kazerne Dossin dans le cadre d'un projet axé sur l'holocauste et les droits de l'homme.

La raison d'être de sa fonction est de tirer des enseignements de l'histoire. Kazerne Dossin est un lieu symbolique car c'est depuis cet endroit que, durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Juifs ont été déportés avec l'aide de la police. De nombreuses archives à ce sujet sont disponibles à Kazerne Dossin. Parmi les stratégies employées à l'époque pour contourner les dilemmes éthiques, beaucoup sont encore reconnaissables et applicables aujourd'hui.

Des thèmes éthiques

Deux policiers travaillent au musée : un coordinateur et Isabelle. Elle sert de personne de liaison entre Kazerne Dossin et la Police Fédérale. « Durant cette mission de trois ans, je suis chargée de confronter les policiers à des thèmes éthiques ». Cette année, nous organisons par exemple un congrès à Amsterdam au mois de novembre, comme nous l'avons déjà fait l'année dernière. Nous voulons aussi amener d'autres instances publiques, comme les agents pénitentiaires, à tirer des leçons de l'histoire en abordant des thèmes actuels comme l'exclusion ou la discrimination », confie-t-elle.

Isabelle seconde également le coordinateur dans le cadre du partenariat entre la police et la caserne. « Les policiers sont des gens actifs. Ils aiment toujours en apprendre davantage sur les aspects techniques de leur métier. Mais les aspects éthiques et l'attitude en font également partie intégrante », précise-t-elle. L'offre comprend une visite du musée Kazerne Dossin, suivie d'un atelier organisé l'après-midi. La formation et la visite s'adressent à tous les membres de la police. « La formation fait d'ailleurs partie du cursus de base des aspirants. De nombreux corps viennent également suivre notre formation. »

Avec succès, car quelque cinq mille policiers ont visité le musée en un an et demi. « On constate que la visite ouvre les yeux de nombreux policiers. C'est un thème qui les interpelle. »

Texte : William Visterin

Cet article est paru initialement dans Mark magazine #30