Des procédures uniformes afin de protéger les premiers intervenants européens en cas d’attentat CBRNe

Ces dernières années, les attentats terroristes ont souvent semé l’effroi en Europe. Les attentats à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro de Maelbeek ont profondément marqué les collègues de la Police Locale et de la Police Fédérale. Plus de six ans après, ces événements ont toujours un impact majeur. Bien qu’aucun explosif chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRNe), n’ait été découvert, on s’est rendu compte qu’il était urgent de prévoir des procédures permettant de réagir de manière adéquate dans de telles situations.

Des procédures uniformes afin de protéger les premiers intervenants européens en cas d’attentat CBRNe

« La guerre en Ukraine nous rappelle que nous devons être vigilants et préparés », déclare Ives Van Haute, attaché aux affaires internationales du Service des relations internationales du Centre de crise national (NCCN) et coordinateur du projet européen Bullseye. La crise sanitaire nous a également appris qu’il était absolument nécessaire de mieux s’armer contre une éventuelle attaque biologique.

« Après les attentats de 2016, nous avons réalisé que nous avons relativement eu beaucoup de chance », poursuit Ives. « Presque immédiatement après les explosions à l’aéroport, les services de secours de première ligne ont dû évaluer s’il était possible d’aider les victimes en toute sécurité, ne sachant pas si une autre bombe risquait d’exploser et à quel point elle pouvait être dangereuse. S’il y avait eu une troisième explosion et si les bombes ayant explosé avaient été de nature CBRNe, le drame aurait pu être bien pire.

En collaboration avec la Police Fédérale, le NCCN a lancé un projet européen dénommé Bullseye. « L’objectif est d’élaborer des procédures harmonisées axées principalement sur l’approche et la protection des intervenants de première ligne, quel que soit l’État membre de l’Union européenne dans lequel ils interviennent. Comment reconnaissent-ils rapidement une situation CBRNe et que doivent-ils faire ou ne pas faire lorsqu’une telle menace se manifeste ? Des directives entièrement écrites, largement testées dans le cadre du projet Bullseye, permettront aux ambulanciers, aux membres de la Police Intégrée, à la protection civile, aux services d’incendie, aux unités CBRNe spécialisées (tant la police et la Défense que les services médicaux), ainsi qu’aux collègues du DVI et du pool-CSI-CBRN ..., d’être mieux préparés à faire face à de telles situations. Ces procédures favoriseront également la coopération et l’appui entre les États membres de l’Union européenne en cas d’attentat.

Huit partenaires de cinq pays différents ayant une grande connaissance et expertise dans le domaine CBRNe prennent part au projet Bullseye.

Pour les Pays-Bas, il s’agit du Defensie CBRN centrum (DCBRNC), qui réunit les connaissances, l’expertise et la formation dans le domaine CBRN. Sur le site de Vught, une sorte de ville miniature a été construite : laboratoire chimique, hôpital, supermarché, restaurant, gare, laboratoire de drogues illégal et station de métro, autant d’endroits où un attentat CBRNe pourrait avoir lieu.

La Pologne compte deux partenaires dans ce projet : l’International Centre for Chemical Safety and Security (ICCSS) de Varsovie et la faculté « Biology and Environmental Protection » de l’université de Lodz. Le premier se focalise sur le développement de la sécurité et de la protection sur les plans chimique et environnemental, ainsi que sur la réduction des menaces chimiques. Le second se penche quant à lui sur l'analyse des menaces CBRN.

L’Instituto Nacional de Técnica Aeroespacial (INTA), dans les environs de Madrid, dépend du ministère espagnol de la Défense. Cet institut se penche sur les menaces biologiques et chimiques.

L’International Security and Emergency Management Institute (ISEMI) et le Lynx Commando représentent quant à eux la Slovaquie. L’ISEMI est une plateforme professionnelle composée d’anciens et d’actuels policiers, d’officiers de sécurité nationale, de militaires, de membres de la protection civile, de spécialistes de la gestion de crise... L’ISEMI est principalement spécialisé dans la lutte contre le terrorisme CBRN et la gestion de crise. Le Lynx Commando se compose des unités spéciales de la police slovaque.

https://bpolb.sharepoint.com/sites/PolNews_International_nl/SitePages/Uniforme-procedures-om-Europese-eerstehulpverleners-te-beschermen-bij-CBRNe-aanvallen.aspx

 

Enfin, le NCCN et la Police Fédérale sont les représentants belges dans le cadre du projet Bullseye. Le NCCN assure la coordination globale du projet. Trois composantes de la Police Fédérale participent à ce projet. La Direction de l’appui canin (DACH) dispense la formation K9, axée sur la détection de précurseurs chimiques (dans ce contexte), la détection d’explosifs sur les personnes et le développement de l’appui technique aux teams canins. Au sein de la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT), la division Stratégie & Politique et le Disaster Victim Identification (DVI), travaillent de concert avec le pool CSI-CBRN (composé de collaborateurs CSI issus des différentes PJF). La Direction de la coopération policière internationale (CGI) coordonne quant à elle la participation de la Police Fédérale à ce projet européen.

« Quelques experts du Royaume-Uni ont également donné des conseils ou contribué à l’organisation de l’atelier pour les intervenants de première ligne », ajoute Ives Van Haute pour clore l’énumération des partenaires.

« Nous avons lancé le projet Bullseye en 2019. Il était censé se terminer cette année-là, mais la crise sanitaire a entravé le bon déroulement du projet. Nous avons obtenu une prolongation jusque fin avril 2023. Nous avons toutefois déjà réalisé un grand nombre de Work Packages (WP), c’est-à-dire des étapes. Le premier WP consistait principalement en la préparation et la coordination générale du projet. Le deuxième WP (WP2) était axé sur la détection d’explosifs par les chiens. Dans le cadre du troisième WP (WP3), nous avons entendu des experts de l’intervention en situation de crise, organisé des ateliers et élaboré des procédures harmonisées en vue de la préparation des entraînements monodisciplinaires et de l’exercice multidisciplinaire (WP4). »

« Nous en sommes maintenant déjà à la quatrième étape : les entraînements monodisciplinaires. Un entraînement a déjà été finalisé en Espagne. Le dernier entraînement en date a été réalisé de concert avec la Police Fédérale et était axé sur l’enquête forensique et l’identification des victimes avec le DVI et le pool CSI-CBRN. Il a eu lieu le mardi 21 juin dans le domaine de DACH à Neerhespen. Des entraînements monodisciplinaires sont également prévus aux Pays-Bas, en Pologne et en Slovaquie en juin et septembre 2022. Fin septembre, nous organiserons par ailleurs un exercice multidisciplinaire aux Pays-Bas, à Vught. Tous les partenaires seront réunis et se verront proposer un scénario complètement élaboré. Le deuxième jour, l’exercice sera répété mais cette fois avec un scénario inconnu. La cinquième et dernière étape consiste à adapter les procédures et à élaborer un pack ‘train the trainer’ sur la base des enseignements tirés des ateliers, des entraînements monodisciplinaires et des exercices multidisciplinaires. Il sera ensuite mis à la disposition de l’ensemble des États membres. »

Et après ? « On ne sait pas encore précisément », répond le coordinateur. « De toute évidence, le pack ‘train the trainer’ ne constitue pas le point final. Il y a encore beaucoup de travail à faire. J’espère donc que nous pourrons continuer sur notre lancée. »

Dans un prochain article, nous examinerons de manière plus détaillée la participation de la Police Fédérale au projet européen Bullseye. Quel est l’apport spécifique du pool CSI-CBRN et du DVI ? Comment DACH apprend-elle aux chiens à reconnaître plusieurs explosifs CBRN ?

"C'est une bonne chose que l’on prête attention au rôle et à la sécurité des primo-intervenants et que l’on tente de les rationaliser, y compris au niveau international. Si la Belgique et l’Europe n’ont pas encore été le théâtre d’attentats terroristes impliquant des armes nucléaires, chimiques ou biologiques, les primo-intervenants peuvent et doivent se préparer à répondre de manière adéquate et sûre à de tels incidents potentiels. La Police Locale, en collaboration avec les autorités locales, est un partenaire essentiel dans la planification d'urgence et d'intervention ‘classique’. Il nous semble donc logique que la Police Locale soit également impliquée activement dans ce projet international en temps opportun", affirme Claude Vandepitte, chef de corps de la zone Regio Tielt et membre de l'Assemblée générale de la Commission permanente de la Police Locale.

 

En savoir plus : www.bullseyeproject.eu

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