Selm, futur agent de sécurisation et 10 000e participant à la formation donnée à Kazerne Dossin

14 aspirants agents de sécurisation de l'Académie nationale de police à Gand suivent aujourd'hui la formation « Holocauste, police et droits de l'homme » à Kazerne Dossin. Selm, âgé de 20 ans et originaire de Audenarde, est l'un d'entre eux. Arrivé sur les lieux à 8h30, il est devenu la 10 000e personne à participer à cette formation depuis sa création en 2014. « Je ne sais pas encore exactement à quoi attendre de la formation, mais je pense qu'il est important de parler de ces thèmes. Nous aurons tout de même une grande responsabilité dans notre travail.»

10.000ste bezoeker

Dans le cadre de leur formation d'agent de sécurisation, les aspirants de l'Académie nationale de police prennent part aujourd'hui à une visite guidée du musée et du mémorial de Kazerne Dossin, ainsi qu'à un workshop sur les droits de l'homme et les dilemmes éthiques. Au cours de cette dernière activité, ils se penchent sur des cas concrets issus de la pratique policière passée et actuelle.

Heureusement, les dilemmes moraux d'aujourd'hui ne portent plus sur le rôle que l'on serait susceptible de jouer dans un génocide, comme cela a été le cas pour de nombreux policiers durant l'occupation nazie. Ces heures sombres de notre histoire sont toutefois riches en enseignements et peuvent nous inspirer pour gérer les dilemmes éthiques actuels. Comment réagir lorsqu'un collègue dépasse les limites ? Ou qu'un responsable donne un ordre contraire à nos normes et valeurs ? Peut-on s'opposer à cette situation et quelles peuvent être les conséquences d'un tel acte ?

Près d’un policier sur 5 a déjà suivi cette formation

La formation « Holocauste, police et droits de l'Homme » organisée à Kazerne Dossin est accessible à tous les membres de la police : néerlandophones et francophones, fédéraux et locaux, opérationnels et civils. Pour la majorité des aspirants, comme Selm, cette journée de formation est intégrée dans la formation de base, mais les plus anciens sont également libres de s'inscrire.

Dominique Van Ryckeghem, directrice générale de la gestion des ressources et de l’information à la Police Fédérale, souligne l'importance de cette formation : « Les policières et les policiers reçoivent un mandat particulier : veiller à la tranquillité, à la sécurité et à la santé publiques. Le recours légitime à la force s'inscrit dans ce cadre. Pour tous les citoyens, et pour les plus de 51 000 membres du personnel de la Police Intégrée, il est fondamental que les policiers fassent preuve du plus grand respect possible pour les droits de l'homme. À Kazerne Dossin, les participants tirent les leçons du passé en se penchant sur la radicalisation, les violences collectives, l'exclusion et la polarisation. Ils en gardent un esprit critique qu'ils pourront exercer à l'avenir sur leurs propres actes. En six ans, nous avons déjà formé près d'un cinquième de nos collaborateurs : c'est remarquable ! »

Les droits de l’homme au cœur de la formation

Mise en place en 2014, cette formation est le fruit d'une collaboration entre Kazerne Dossin, la Police Fédérale, la Police Locale et Unia, l'ancien Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme. Els Keytsman, la directrice d'Unia, nous en dit davantage : « Grâce à son expertise, voici déjà plusieurs années qu'Unia laisse son empreinte sur ces formations, dans lesquelles la police met notamment l'accent sur la lutte contre les discriminations. Nous constatons que les fonctionnaires de police en retirent beaucoup de choses. Cela s'explique par le fait que la police sensibilise elle-même ses collaborateurs à l'importance de réfléchir par soi-même. Unia se félicite de collaborer à cette formation innovante, dans laquelle les droits de l'homme figurent en si bonne place. Les fleurs

offertes au 10 000e participant sont une belle illustration de cette réussite. À quand le 20 000e participant ?»

La visite du musée et le workshop incitent les participants à réfléchir à des mécanismes universels tels que le partage des responsabilités, la culture du silence et la pression des pairs. Une fois que l'on comprend comment ces mécanismes peuvent faire basculer un groupe dans la violence collective, on est mieux préparé pour y faire face et s'y opposer. Voilà pourquoi cette formation est si importante dans le contexte policier : elle ouvre véritablement les yeux des participants, collégialement, sur l'importance de respecter et de faire respecter les droits de l'homme dans leur travail.

“Nous sommes bien préparés pour le job”

"J'ai toujours été intéressé par le monde policier. Je suis motivé par le fait que vous êtes au service du citoyen et que vous êtes responsable de la sécurité. Je viens de l'industrie de l'hôtellerie, en fait, c'est juste une autre façon de servir le citoyen ", dit Selm en souriant. "La responsabilité envers le citoyen me décourage-t-elle ? Non, c'est exactement ce que je trouve intéressant. Et nous y sommes bien préparés. Nous avons déjà eu quatre mois de formation. Grâce à des journées de formations intéressantes comme celle-ci, je me sens de plus en plus prêt pour le travail."