« Un mot-clé : travail d’équipe »

Le 30 août est la Journée internationale des personnes disparues. En compagnie du commissaire Alain Remue, chef de service de la cellule Personnes disparues, nous profitons de cette occasion pour jeter un regard rétrospectif sur 2021 et examiner l’impact des fortes chaleurs de cet été sur les disparitions.

« Un mot-clé : travail d’équipe »

L’année passée, la cellule Personnes disparues a été contactée dans le cadre de 863 disparitions inquiétantes, soit une hausse de 10 % par rapport à l'année précédente. Au total, 808 dossiers ont été clôturés (93,6 %) et 680 personnes ont été retrouvées vivantes.

Pouvons-nous dès lors parler d’une tendance à la hausse ? Pas forcement, selon Alain Remue : « Tenter de déceler des tendances est très délicat. Une disparition est la conséquence d'une action individuelle, consciente ou inconsciente : quelqu’un tombe accidentellement à l'eau et se noie, une personne met fin à ses jours ou veut refaire sa vie ailleurs. Elle peut aussi être victime d’un enlèvement... Les facteurs à prendre en considération sont si nombreux qu’il est difficile, voire impossible, de tirer des conclusions générales en termes de tendances ou d'évolutions. Au cours des 25 dernières années, les chiffres ont à chaque fois fluctué : ils augmentent parfois légèrement, avant de baisser à nouveau. Mais on ne peut pas dire qu'il y a une constante. Prenons un exemple classique : avant, on avait l’habitude de dire qu’il y a plus de suicides pendant les mois les plus sombres de l’année. Aujourd'hui, les chiffres prouvent le contraire. »

Le commissaire Alain Remue coordonne une action sur le terrain.

« Quels dossiers m'ont le plus marqué l'année dernière ? Les fortes inondations, qui ont finalement coûté la vie à 39 personnes... La disparition très médiatisée de Jürgen Conings... Et l'enlèvement du petit Dean qui, malgré l’excellente coopération avec la police néerlandaise, a malheureusement connu une issue tragique. Ce sont des dossiers qui ne vous lâchent pas... »

 

Phénomènes estivaux

Faisons un petit saut de 2021 à cet été particulièrement chaud, qui touche à sa fin. Deux phénomènes marquent cette saison estivale. À la côte, nous avons connu une augmentation considérable du nombre d'enfants disparus. Alain Remue : « Je préfère parler d'enfants 'perdus', dans la mesure où chaque enfant a pu être retrouvé dans la journée ! Cette augmentation est logique : nous avons eu une météo estivale fantastique, avec davantage de vacanciers dans notre propre pays et donc plus de personnes sur les plages. En dépit de toutes les initiatives – des bracelets aux poteaux d’orientation – et malgré la bonne coopération avec les sauveteurs et les zones côtières, le meilleur conseil que je puisse donner : « surveillez vos enfants ! »

Alain Remue et son équipe ont traité pas moins de six dossiers de 'plongeon fatal' ces derniers mois.

Deuxième phénomène estival : le plongeon fatal. Alain Remue et son équipe ont traité pas moins de six de ces dossiers ces derniers mois : « Les jeunes cherchent à se rafraîchir et s'aventurent dans des zones (étangs, lacs, puits...) où la baignade est interdite. L’eau peut être insidieuse : chaude en surface mais froide, voire glaciale, en profondeur. En sautant dans l'eau froide, vous risquez un choc thermique, une hydrocution. Si un tel incident se produit dans un endroit isolé, sans surveillance ni sauveteurs, le risque d’une issue fatale est énorme. »

 

Moyens

En 2021, la cellule Personnes disparues est aussi intervenue 40 fois à la suite de la découverte de corps ou de restes humains non identifiés, dont 27 ont finalement pu être identifiés.

Quelque 57 actions de recherche ont été menées en milieu aquatique. Au cours de celles-ci, 100 périmètres de recherche pertinents ont été délimités, et 80 véhicules et 20 dépouilles de personnes disparues ont été retrouvées.

« La constante que l'on peut donc bel et bien discerner », poursuit Alain Remue, « c'est le rapport entre la mobilisation de personnel, les moyens et les résultats : plus on déploie de moyens et plus ceux-ci sont performants, plus les recherches sont structurées et intensives, plus on obtient de résultats. Lors de recherches en milieu aquatique, par exemple, nous pouvons compter sur l’appui technique de la Police de la Navigation et sur l'expertise des plongeurs de la protection civile. Mais malgré tout, je le répète : il n'y a pas de certitudes. Les disparitions ne sont pas une science exacte ; il s’agit toujours de personnes. »

La cellule Personnes disparues peut compter sur de nombreux partenaires de valeur, dont la protection civile.

 

Travail d’équipe

« Dans tout ce que nous entreprenons pour retrouver des personnes disparues et pour pouvoir apporter une réponse aux familles de celles-ci, il y a un élément crucial », conclut Alain Remue :

« Le travail d’équipe est le mot clé, le facteur essentiel, et ce, du service de police procédant aux premières constatations à l’appui spécialisé d’autres services de police ou de partenaires. »